Roquebrun : la cave et la garrigue en partage
À Roquebrun, un village de granit accroché à la falaise, la ventilation naturelle est réglée avec une précision d’horloger. Jean-Marc, un des vignerons encore installé à flanc de colline, n’hésite pas à expliquer que « sans le souffle du sud, ses rouges élevés en demi-muids n’auraient pas la même étoffe ». Pour lui, l’humidité du marin ralentit la concentration du vin, favorisant l’expression du fruit et des herbes sèches.
Un dispositif ingénieux façonne une entrée d’air par le bas – « pile à hauteur de racines » – et une sortie plus haute, orientée vers la garrigue. Le chai reste frais, sans recours à la climatisation mécanique. Depuis 2020, la coopérative locale a mené une étude sur l’évolution des vins entre deux chais, l’un traditionnellement ventilé, l’autre climatisé : à profil de cépage égal (Syrah sur schiste), les analyses montrent une volatilité légèrement inférieure (0,46g/l contre 0,59g/l) pour le vin élevé avec les vents du sud.
Saint-Chinian et Berlou : le retour du caveau respirant
À Berlou, le collectif de la Serre des Verdus, pionnier de la biodynamie dans le secteur, privilégie des caves enterrées sous tuf. Ils maintiennent volontairement une ouverture sur la vallée, permettant au vent d’autan d’assécher et purifier naturellement l’air, limitant le recours à tout traitement chimique contre les moisissures.
Leur méthode ? Avant chaque décuvage, une période de ventilation croisée où chaque fenêtre est entrouverte au lever du vent. Les levures indigènes semblent ainsi préservées, les arômes terpènes secondaires (notamment sur grenache et mourvèdre) mieux développés, selon une étude du laboratoire départemental d’œnologie de Béziers (2022).
Gabian, le miracle du souterrain à courants d’air
Dans ce village de basalte, la cave Dumoulin, formée d’un enchevêtrement de petits couloirs voûtés, utilise les différences de pression entre rues hautes et basses pour générer un flux lent, constant, du sud vers le nord, brassant nuit et jour l’atmosphère. Cette circulation d’air permet d’élever des macabeus et carignans d’une grande vivacité, tout en préservant leur potentiel de garde (prouvé par une série de verticales remontant à 1978).