- Piquets en châtaignier ou en acacia
- Lieuses en osier, saule ou chêne vert
- Fils de bois tressé, rameaux flexibles
- Structures capitatées, échalas, coussoulets
1. Les piquets, ossature des vieilles vignes
Dans les vieilles parcelles du Faugérois, du Minervois ou de la Haute Vallée d’Orb, il n’est pas rare de voir encore des rangs menés sur piquets de châtaignier, dont le bois résiste naturellement à la pourriture grâce à la présence de tanins. Ces pieux, parfois taillés à la main, fichés tous les 2 à 3 mètres, soutiennent la charpente de la vigne de génération en génération. L’acacia, qu’on appelle ici , lui dispute parfois la première place pour sa durée de vie (30 ans sans traitement, selon une étude INRA/IFV de 2017).
Dans les endroits les plus ventés, on les renforce par des piquets doubles, formant comme une arête de poisson. Beaucoup de ces pieux proviennent de coupes raisonnées dans les forêts alentours, perpétuant un circuit court et une économie de la récup’ rurale.
2. Lieuses et attaches : gestes fins
Chaque printemps, c’est le ballet des mains : pour fixer les nouvelles pousses sur leur support, rien ne rivalise, selon certains vignerons du Jaur ou de Berlou, avec la souplesse d’une attache en osier ou en saule. La technique, dite du « lier-passer », consiste à enrouler un brin vif autour du sarment, puis à passer par-dessus le fil ou le piquet, avant de resserrer d’un tour de main. Ces attaches se décomposent en quelques mois, évitant la strangulation du bois, et ne laissent pas de pollution plastique – un souci croissant dans les vignes modernes (source : Vitisphere, article du 25/01/2022).
- Osier : récolté sur les bords de ruisseaux en hiver, mis à tremper avant utilisation
- Saule : encore vert, souple et disponible localement
- Chêne vert : traditionnel mais plus rare, très employé en garrigue sèche
3. Fils, tuteurs et rameaux flexibles : l’art du vivant
Avant l’apparition du fil de fer galvanisé, certains palissages se contentaient de fils confectionnés à partir de tiges de viorne ou de cornouiller, voire de cordages de chanvre tressé. On les changeait annuellement. Dans les très vieilles vignes dites (avant l’ère du porte-greffe, donc avant 1870 sur certaines parcelles non touchées par le phylloxera), il n’était pas rare d'utiliser les rejetons même de la vigne pour servir de liens provisoires.
4. L’échalas et ses cousins méridionaux
Moins connu que le fameux échalas des Côtes-du-Rhône, le coussoulet du Languedoc désigne un piquet court, de 120 à 150 cm, souvent taillé dans le chêne-vert ou le buis local. On le retrouve dans les vieilles vignes à faible densité (4000 à 5000 pieds/ha), typiques des terrasses caillouteuses du Saint-Chinianais du XIX. Chaque souche est ainsi palissée individuellement : le vigneron y attache le cep principal, laissant courir les sarments entre les piquets, qui peuvent aussi servir, par rotation, de bois de chauffage en fin de vie.